La deuxième étape, qui doit s'achever fin 2011, prévoit la mise en place de 101 autres éoliennes dans le village voisin de Cogealac. Au total, les 240 éoliennes auront une puissance de 600 mégawatts (MW), l'équivalent du réacteur de la centrale nucléaire de Cernavoda, ville située au sud-est du pays. "Nous voulons assurer la production de 10 % de l'énergie verte de la Roumanie, affirme Cosmina Marin, chargée de communication du groupe CEZ. Et, pour cela, nous allons investir 1,1 milliard d'euros." Très en retard en matière d'énergie "propre", la Roumanie s'est engagée auprès de la Commission européenne à produire 20 % de son énergie à partir de ressources renouvelables, afin d'être en ligne avec les objectifs de l'Union européenne pour 2020.
Les éoliennes sont, de plus, une bénédiction pour le village de Fantanele. Une centaine de paysans ont trouvé un emploi aux côtés des 400 travailleurs venus des quatre coins de l'Europe pour contribuer à la mise en place du projet. Un nouveau réseau de routes et de ponts a été installé pour permettre l'acheminement de ces structures qui peuvent atteindre jusqu'à cent mètres de haut.
Désormais les paysans ont accès à l'eau potable, et la mairie a bénéficié d'un fort soutien à sa demande de 1,5 million d'euros de fonds européens non remboursables pour construire une canalisation dans le village. Mais la plus grande fierté de Gheorghe Popescu, le maire, est le terrain de sport flambant neuf qu'il se plaît à faire admirer : "Vous voyez les turbines, à l'horizon ?, lance-t-il. C'est grâce à elles que nous avons aujourd'hui ce terrain de sport ouvert à tout le monde."
Peu à peu, Fantanele se défait de son image de village pauvre et coupé du monde. Les paysans rénovent les façades de leurs maisons grâce à l'argent des éoliennes. "Et les gens s'habillent mieux, constate Filofteia Stanciu. On sent qu'ils ont plus de moyens. Mais il y en a qui ont perdu la tête et se sont acheté des voitures de luxe pour frimer. Enfin, chacun en fait à sa tête, mais tout change."
L'employée de mairie, quant à elle, a décidé d'investir dans l'avenir de sa fille, Catalina, âgée de 23 ans. Celle-ci a terminé sa licence de psychologie à l'université de Constantza, ville située sur le littoral de la mer Noire. "Pour moi, les éoliennes sont synonymes de master, dit Catalina Stanciu. Chaque fois que je reviens à Fantanele, je vois le champ avec toutes ces turbines qui me rappellent des dessins animés avec don Quichotte. Et je me dis que si je fais mon master et pense à mon doctorat en psychologie, c'est grâce à elles."
La success story des éoliennes de Fantanele attire déjà l'attention d'autres investisseurs, à la recherche du vent qui produit des euros. Le groupe espagnol Iberdrola, numéro un mondial dans le secteur, a ouvert un bureau à Bucarest et annoncé qu'il était prêt à investir environ deux milliards d'euros dans un parc d'éoliennes situé, lui aussi, à proximité de la mer Noire. Cette fois, ce devrait être le plus grand au monde.
Les terres arides foulées jadis par Ovide, exaspéré par les vents de la mer Noire, sont bien parties pour devenir le nouvel eldorado de l'énergie éolienne en Europe.
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